Jeudi
21 février 2019
La
mythologie des arbres,
Jacques Brosse. Parmi les mille anecdotes de ce livre précieux (et
même indispensable), une particulièrement
plaisante, à
la fin,
tirée de Plutarque, que Brosse a le bon goût, quoiqu’il
en modernise l’écriture (comme pour Ronsard),
de citer dans la traduction de
Jaques Amyot
(1513-1593).
Timon d’Athènes, le fameux misanthrope, « ennemi de tout le
genre humain », se présenta à l’assemblée où il n’allait
jamais et monta à la tribune aux Harangues : « Chacun
était très attentif à ouïr ce qu’il voulait dire, à cause que
c’était une chose bien nouvelle et bien étrange de le voir en
chaire ; à la fin, il commença à dire : ‘‘Seigneurs
Athéniens, j’ai en ma maison une petite place, où il y a un
figuier auquel plusieurs se sont déjà pendus et étranglés, et
pour autant que j’y veux faire bâtir, je vous en ai bien voulu
avertir devant que faire couper le figuier, à celle fin que si
quelques-uns d’entre vous se veulent pendre, qu’ils se
dépêchent’’. » (p.341-2) Cet
épisode, de mémoire, n’a pas été repris par Shakespeare.
Creazione
e Anarchia, L’opera nell’età delle religione capitalista,
de Giorgio Agamben. Le livre est sorti en français en janvier 2019
dans une traduction de Joël Gayraud chez Rivages. En italien, il a
été publié en 2017 chez Neri Pozza. Les cinq conférences qu’il
reprend ont été prononcées à l’Accademia di Architettura
di Mendrisio entre octobre 2012 et avril 2013. Il y est en effet
question, souvent, d’architecture. Dans
la première conférence, Archeologia
dell’Opera d’arte,
Agamben exprime son étonnement face
à
sa découverte que c’est
à partir de l’architecture qu’il y a eu changement de paradigme,
de l’oeuvre supérieure à l’artiste (et qui n’aurait pas
besoin de lui), dans le monde grec, à l’artiste supérieur à
l’oeuvre, depuis la Renaissance.
Car,
dans le monde grec, c’est la fin réalisée qui compte (l’oeuvre,
donc), tandis que dans notre monde européen, c’est la potentialité
de la réalisation qui prévaut (et donc l’artiste). En tant qu’il
projette avant de réaliser, l’architecte a permis ce retournement
fondamental pour Agamben.
Trois
sentiers ver le lac,
Ingeborg Bachmann. Cinq nouvelles. La première, « Traduction
simultanée » (lue
il y a déjà dix ans),
propose un choix narratif intéressant, où la focalisation n’est
jamais fixe, passant du personnage principal féminin (Nadja) au
personnage masculin, ou même se relevant à un narrateur omniscient,
d’une phrase à l’autre. C’est
à la fois très cinématographique et très dynamique, mais surtout
cela permet d’enrichir l’expérience de lecture par des
contre-points qui, tout en s’insérant dans une narration suivie,
en casse la linéarité.
Mardi
26 février 2019
La
Révolution française.
François Furet, Denis Richet. On voudrait lire les œuvres complètes
d’Anarchasis Clottes. On voudrait en connaître davantage sur
Hébert, ou mieux, sur Jacques Roux, le
prêtre
qui s’est suicidé en plein tribunal révolutionnaire. C’est
Saint-Just qui est mis en avant, « l’archange de la
Terreur ». Un bourreau aussi de travail. Il faudrait deux
vies : l’une de
contemplation, l’autre d’action.
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