Fin
d’un poème de Marceline Desbordes-Valmore, « Une halte sur
le Simplon », dans Bouquets
et Prières
(1843), dédié à Pauline Duchambge, la compositrice :
« Italie
! Italie ! égarante sirène !
De
ton grand peuple esclave insoucieuse reine !
Ce
n'est pas dans ton sein qu'une âme peut guérir ;
Tes
parfums rendent fou, tes dédains font mourir !
Toi
qui ne dois qu'à Dieu ton ardent diadème,
Les
pieds aux fers, tu dors dans l'orgueil de toi-même
;
Sous
tes yeux à demi fermés d'un lourd sommeil.
Nous
formons (tu l'as dit) une ombre à ton soleil.
Tu
n'extrais que pour toi le doux miel de tes phrases.
Tu
ne nous aimes pas, tu railles nos extases ;
Cruelle
! à tes amants tu donnes sans remord.
Après
l'enchantement, la démence ou la mort. »
J’écoute
de Duchambge le « Cancione amoroso », la
mise
en musique d’un poème du Portugais Gil Vicente (1465-1537) qu’a
traduit Amable Tatsu (1798-1885, nom splendide !) que je ne
connaissais
pas, alors que Sainte-Beuve lui a consacré une notice dans ses
Portraits
contemporains,
que Victor Hugo et Chateaubriand lui ont dédié des œuvres. Misère
de la misogynie.
La
Bête lumineuse,
documentaire de Pierre Perrault (1982). Tranche de vie d’amis
québecois partis à la chasse à
l’orignal
six jours, auxquels se joint un de leur cousin poète, –
en décalage complet. Forêt moche, ivrognerie, grossièreté de
l’être. Et pourtant, il y a chez ces personnages (la mise en scène
est soignée, malgré l’impression documentaire) une simplicité
attachante. Le poète, Stéphane-Albert Boulais, qui a alors une
trentaine d’années je crois, hautement inspiré, et qui, à partir
de ce tournage, s’est rapproché de Pierre Perrault et
du cinéma,
n’a pas écrit, semble-t-il, beaucoup. Sauf,
tout de même, plusieurs volumes des
contes sur sa
région, la Haute-Gatineau. Ce documentaire brut d’apparence, mais
fortement structuré au montage, a inspiré la série documentaire
belge
Strip-tease
(1985-2012).
Peu de moyens (relativement aux productions fictionnelles)
mais une pleine
puissance
narrative (la narration comprise selon Walter Benjamin comme
« transmission de l’expérience »).
Quelque
chose qui pourrait peut-être échapper à ce qui condamne
intrinsèquement le cinéma comme art capitaliste : la nécessité
du financement.
Cours
sur la chaîne Youtube « Veni, Vidi, Sensi » sur le
général Boulanger (cette
chaîne a
diffusé toute une série de cours sur la Révolution française qui
permet de compléter, comparer, réviser l’étude du livre de Furet
et Richet).
L’inspiration américaine de ses campagnes électorales. La
gangrène française de ce mythe de « l’homme providentiel ».
Sur lequel s’est construit la Ve République, et avec lequel il
faudrait en finir. Amusant, du reste, que c’est au pays de la
décollation du roi que ce mythe perdure le plus en Europe (il est
cependant une réalité, plus ou moins grave, un peu partout de
Russie en Afrique, d’Europe aux États-Unis). Ce
qui sauve Boulanger, c’est son suicide sur la tombe de sa
maîtresse, à
Bruxelles.
Il n’y a rien de plus héroïque dans sa vie misérable.
Saint-Just
en mission dans l’armée de l’est, qui se prend (à 25 ans) pour
un spécialiste des questions militaires, accentue la discipline,
fait arrêter de hauts responsables et fusiller des récalcitrants.
Il y a une certaine folie chez Saint-Just, et une mauvaise foi
meurtrière, qui s’identifie au rôle qu’il joue.
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