Fini Il
Capitano di lungo corso.
La parcellarisation finale m’a achevé.
Pioche dans les lettres
éditoriales. Parangon du post-modernisme. Auteur sans œuvre. Œuvre
sans auteur, depuis qu’il est mort et qu’on le publie. C’est
devenu un cliché.
Fragmentation un peu factice. Inachèvement. A quelques belles
paroles sur Blanchot.
Dans les œuvres de Guy Debord
(édition Quarto de Gallimard), la revue « Potlatch ».
« Vous le recevrez
souvent. L’Internationale lettriste y traitera des problèmes de la
semaine. Potlatch est la publication la plus engagée du monde :
nous travaillons à l’établissement conscient et collectif d’une
nouvelle civilisation. »
Mais se prend parfois trop au
sérieux : les exclusions sont ridicules.
Adam de la Halle, encore. Cet amour
courtois plus complexe, et plus ambigu, qu’on ne le dit. Je repense
au Voir Dit
de Guillaume de Machaut. Posture de soumission face à Péronne d'Armentières (on admettra ici, pour la beauté du prénom, que c’est
elle) qui ne dissimule qu’à peine la principale concupiscence, le
prétexte au texte (formule qui est pléonastique), le goût
prosaïque d’un homme âgé pour une jeune femme, la volonté
d’amours multiples, voire celle de remettre en cause le sacrement
du mariage. Libertinage, donc, déjà. Il
y a de cela dans les belles pièces d’Adam de la Halle. Une
interrogation plus inquiète même, comme dans les Jeux-Partis (le
poème dialogué VII par exemple).
Le
Voyage en Espagne de
Gautier. Trop peu de notes, à mon goût, sur la représentation
d’Hernani
à laquelle assiste le gilet, à
l’époque,
rouge à Tolède je crois. Je lis avec attention les pages sur
Grenade. Attends celles (si elles existent) sur El Puerto de Santa
Maria où Washington Irving a rédigé une histoire de l’Al-Andalus.
Lecture
de « La Jeune Parque » de Valéry. Flatte l’esprit. Le
goût de certains mots qu’il assemble avec une grande grâce. Même
si le subterfuge est évident, comme le chat devant la pelote, on ne
peut être que fasciné. C’est toucher à la part la plus
physiologique de l’humain : celle des affects. Ce qui peut
apparaître comme un paradoxe quand on pense que Valéry écrivait
comme « pur esprit ». Tout n’y est que matérialité du
mot. Fascination atomique du mot.
Alfred
de Vigny. Quelques poèmes modernes. J’ai en tête un vieillard,
mais ce sont des poèmes de jeune homme. On ne s’imagine les poètes
qu’à l’âge de leur mort. Même Baudelaire n’apparaît que
dans cette dernière photo de Nadar je crois (ou de Carjat?), l’oeil
perçant, le front dégarni, la mâchoire asséchée, alors que la
plupart des poèmes des Fleurs
du Mal
datent de ses vingt ans (en 1857, il a 36 ans).
Je
vais lire Chatterton.
Quinze ans que je veux lire le
Chatterton de
Vigny.
Plaisir
immense à lire les descriptions de tableaux du recueil Promenades
au Louvre.
Le
Et in Arcadia ego
du Poussin, décrit par Panofsky (qui, en fait, s’attache davantage
au
prototype du genre qu’est le beau tableau du Guerchin au palais
Barberini), puis
par Yves Bonnefoy.
Yves
Bonnefoy, dont Les Belles Lettres viennent de publier la
correspondance, est
devenu ainsi le poète majeur de notre modernité. C’est le type
abouti du poète contemporain,
ou, plutôt, si l’on veut, son parfait accomplissement : à la
fois d’une imagination prolifique, douce ou nerveuse, et grand
analyste devant l’Eternel. Universitaire.
Le XXe siècle s’ouvre avec Valéry, et se ferme avec Bonnefoy. Il
y a là un couple idéal, deux personnalités faciles à accoquiner,
un peu trop même.
Relire
ce que dit Cioran de Valéry (j’ai dû prendre des notes, il faut
que je les retrouve) : c’est, je crois, ce que Cioran a écrit
de plus long, cet essai sur Valéry (à moins que ce ne soit celui
sur
Joseph de Maistre). Il devait servir de préface à une édition des
œuvres complètes, mais on l’a jugé trop acerbe, et le texte a
été refusé.
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