samedi 15 décembre 2018

Notes de consommation culturelle du 15 décembre 2018

Fini Il Capitano di lungo corso. La parcellarisation finale m’a achevé.
Pioche dans les lettres éditoriales. Parangon du post-modernisme. Auteur sans œuvre. Œuvre sans auteur, depuis qu’il est mort et qu’on le publie. C’est devenu un cliché. Fragmentation un peu factice. Inachèvement. A quelques belles paroles sur Blanchot.

Dans les œuvres de Guy Debord (édition Quarto de Gallimard), la revue « Potlatch ». « Vous le recevrez souvent. L’Internationale lettriste y traitera des problèmes de la semaine. Potlatch est la publication la plus engagée du monde : nous travaillons à l’établissement conscient et collectif d’une nouvelle civilisation. »
Mais se prend parfois trop au sérieux : les exclusions sont ridicules.

Adam de la Halle, encore. Cet amour courtois plus complexe, et plus ambigu, qu’on ne le dit. Je repense au Voir Dit de Guillaume de Machaut. Posture de soumission face à Péronne d'Armentières (on admettra ici, pour la beauté du prénom, que c’est elle) qui ne dissimule qu’à peine la principale concupiscence, le prétexte au texte (formule qui est pléonastique), le goût prosaïque d’un homme âgé pour une jeune femme, la volonté d’amours multiples, voire celle de remettre en cause le sacrement du mariage. Libertinage, donc, déjà. Il y a de cela dans les belles pièces d’Adam de la Halle. Une interrogation plus inquiète même, comme dans les Jeux-Partis (le poème dialogué VII par exemple).

Le Voyage en Espagne de Gautier. Trop peu de notes, à mon goût, sur la représentation d’Hernani à laquelle assiste le gilet, à l’époque, rouge à Tolède je crois. Je lis avec attention les pages sur Grenade. Attends celles (si elles existent) sur El Puerto de Santa Maria où Washington Irving a rédigé une histoire de l’Al-Andalus.

Lecture de « La Jeune Parque » de Valéry. Flatte l’esprit. Le goût de certains mots qu’il assemble avec une grande grâce. Même si le subterfuge est évident, comme le chat devant la pelote, on ne peut être que fasciné. C’est toucher à la part la plus physiologique de l’humain : celle des affects. Ce qui peut apparaître comme un paradoxe quand on pense que Valéry écrivait comme « pur esprit ». Tout n’y est que matérialité du mot. Fascination atomique du mot.

Alfred de Vigny. Quelques poèmes modernes. J’ai en tête un vieillard, mais ce sont des poèmes de jeune homme. On ne s’imagine les poètes qu’à l’âge de leur mort. Même Baudelaire n’apparaît que dans cette dernière photo de Nadar je crois (ou de Carjat?), l’oeil perçant, le front dégarni, la mâchoire asséchée, alors que la plupart des poèmes des Fleurs du Mal datent de ses vingt ans (en 1857, il a 36 ans).
Je vais lire Chatterton. Quinze ans que je veux lire le Chatterton de Vigny.

Plaisir immense à lire les descriptions de tableaux du recueil Promenades au Louvre. Le Et in Arcadia ego du Poussin, décrit par Panofsky (qui, en fait, s’attache davantage au prototype du genre qu’est le beau tableau du Guerchin au palais Barberini), puis par Yves Bonnefoy.
Yves Bonnefoy, dont Les Belles Lettres viennent de publier la correspondance, est devenu ainsi le poète majeur de notre modernité. C’est le type abouti du poète contemporain, ou, plutôt, si l’on veut, son parfait accomplissement : à la fois d’une imagination prolifique, douce ou nerveuse, et grand analyste devant l’Eternel. Universitaire. Le XXe siècle s’ouvre avec Valéry, et se ferme avec Bonnefoy. Il y a là un couple idéal, deux personnalités faciles à accoquiner, un peu trop même.
Relire ce que dit Cioran de Valéry (j’ai dû prendre des notes, il faut que je les retrouve) : c’est, je crois, ce que Cioran a écrit de plus long, cet essai sur Valéry (à moins que ce ne soit celui sur Joseph de Maistre). Il devait servir de préface à une édition des œuvres complètes, mais on l’a jugé trop acerbe, et le texte a été refusé.

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