mardi 26 février 2019

Reliefs de la consommation culturelle, 21 et 26 février 2019

Jeudi 21 février 2019

La mythologie des arbres, Jacques Brosse. Parmi les mille anecdotes de ce livre précieux (et même indispensable), une particulièrement plaisante, à la fin, tirée de Plutarque, que Brosse a le bon goût, quoiqu’il en modernise l’écriture (comme pour Ronsard), de citer dans la traduction de Jaques Amyot (1513-1593). Timon d’Athènes, le fameux misanthrope, « ennemi de tout le genre humain », se présenta à l’assemblée où il n’allait jamais et monta à la tribune aux Harangues : « Chacun était très attentif à ouïr ce qu’il voulait dire, à cause que c’était une chose bien nouvelle et bien étrange de le voir en chaire ; à la fin, il commença à dire : ‘‘Seigneurs Athéniens, j’ai en ma maison une petite place, où il y a un figuier auquel plusieurs se sont déjà pendus et étranglés, et pour autant que j’y veux faire bâtir, je vous en ai bien voulu avertir devant que faire couper le figuier, à celle fin que si quelques-uns d’entre vous se veulent pendre, qu’ils se dépêchent’’. » (p.341-2) Cet épisode, de mémoire, n’a pas été repris par Shakespeare.



Creazione e Anarchia, L’opera nell’età delle religione capitalista, de Giorgio Agamben. Le livre est sorti en français en janvier 2019 dans une traduction de Joël Gayraud chez Rivages. En italien, il a été publié en 2017 chez Neri Pozza. Les cinq conférences qu’il reprend ont été prononcées à l’Accademia di Architettura di Mendrisio entre octobre 2012 et avril 2013. Il y est en effet question, souvent, d’architecture. Dans la première conférence, Archeologia dell’Opera d’arte, Agamben exprime son étonnement face à sa découverte que c’est à partir de l’architecture qu’il y a eu changement de paradigme, de l’oeuvre supérieure à l’artiste (et qui n’aurait pas besoin de lui), dans le monde grec, à l’artiste supérieur à l’oeuvre, depuis la Renaissance. Car, dans le monde grec, c’est la fin réalisée qui compte (l’oeuvre, donc), tandis que dans notre monde européen, c’est la potentialité de la réalisation qui prévaut (et donc l’artiste). En tant qu’il projette avant de réaliser, l’architecte a permis ce retournement fondamental pour Agamben.


Trois sentiers ver le lac, Ingeborg Bachmann. Cinq nouvelles. La première, « Traduction simultanée » (lue il y a déjà dix ans), propose un choix narratif intéressant, où la focalisation n’est jamais fixe, passant du personnage principal féminin (Nadja) au personnage masculin, ou même se relevant à un narrateur omniscient, d’une phrase à l’autre. C’est à la fois très cinématographique et très dynamique, mais surtout cela permet d’enrichir l’expérience de lecture par des contre-points qui, tout en s’insérant dans une narration suivie, en casse la linéarité.



Mardi 26 février 2019

La Révolution française. François Furet, Denis Richet. On voudrait lire les œuvres complètes d’Anarchasis Clottes. On voudrait en connaître davantage sur Hébert, ou mieux, sur Jacques Roux, le prêtre qui s’est suicidé en plein tribunal révolutionnaire. C’est Saint-Just qui est mis en avant, « l’archange de la Terreur ». Un bourreau aussi de travail. Il faudrait deux vies : l’une de contemplation, l’autre d’action.



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