vendredi 22 mars 2019

Reliefs de la consommation culturelle du 18 mars 2019

Verlaine, émission « La compagnie des auteurs » (Matthieu Garrigou-Lagrange). Toujours un petit plaisir, parfois un grand (moins, cependant, que « Concordance des temps » de Jean-Noël Jeanneney). Mais l’émission biographique sur Verlaine était fautive, et trop centrée – comme le fut toute la semaine du reste – sur Rimbaud. Guy Goffette (qui illustre l’accord de la sensibilité la plus fine – merveille qu’Une Enfance lingière ! – avec un défaut d’intelligence) a balayé du revers de la main la figure, chère, de Lucien Letinois. Cependant on a réhabilité, avec Myriam Robic et Philippe Thureau-Dangin, au passage, les œuvres plus tardives, si souvent mal lues, si souvent déconsidérées.



L’école d’architecture d’Alvaro Siza à Porto (Film documentaire sur l’architecture – Arte/rmn). Comme pour le Bauhaus de Dessau de Walter Gropius, une école d’art. Ici, même, d’architecture. On ne peut être ni tout à fait catégoriquement critique, ni vraiment louangeur. Cet attachement à ses maîtres, à cette architecture internationale qui déshumanise les bâtiments et celles et ceux qui les vivent, a donné quelque chose de moche. Siza s’est amusé à faire résonner par des tours presque aveugles (en opposition avec une post-modernité qui s’attache alors à la transparence) les vieilles tours d’habitation des années 50 qui surplombent, à l’arrière, l’école. C’est cynique : le luxe qui salue l’indigence. Les riches qui exotisent les pauvres, comme dans les tableaux de mendiants du XVIIe siècle. Pire encore, puisqu’ici c’est à la face même de qui sert, contre son gré, de référence. Peut-être faut-il voir dans cette architecture de béton une tendance de l’époque, une de ces indécrottables données historicisées qui nous conditionnent – qui conditionnent au moins une partie de nous : en l’occurrence le goût. Bref, cette école est affreuse. Et pourtant. Pourtant il y a des merveilles de lumière ici et là : dans la bibliothèque ou dans la salle d’exposition en demi-cercle. Des rampes, une petite place, un labyrinthe. Quelques beautés donc, parmi l’amas de bruit des bureaux de l’administration (rejeté au bord de l’autoroute, au profit des élèves flâneurs qui auront vu sur le fleuve et au mépris des femmes et des quelques hommes qui travailleront 40 heures par semaine dans leurs bureaux), la mocheté des salles de classe, la trogne de ces tours, la matière des murs, et le plan d’ensemble.


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